L'avifaune forestière des Vosges du Nord est étudiée en période de nidification en utilisant les méthodes de cartographie des territoires (ou quadrats) et des Indices Ponctuels d'Abondance (I.P.A.), convertis en densités de populations grâce à des coefficients spécifiques ou à partir d'abaques.
Ces deux méthodes de recensement sont utilisées pour dénombrer les oiseaux nicheurs des successions du Pin sylvestre (7 stades de 1 à 130 ans) et du Hêtre (6 stades de 5 à 150 ans et le stade de régénération) et pour comparer les peuplements aviens de 7 formations forestières âgées (hêtraie en régénération, hêtraie pleine, chênaie-charmaie, chênaie-pinède, pinède, pinède-pessière et pessière-sapinière).
Les deux successions du Pin et du Hêtre sont habitées respectivement par 45 et 43 espèces de Passereaux, Pics et Columbidés. Parmi elles, 36 espèces sont communes aux deux successions et ce sont de loin les oiseaux les plus abondants : ils totalisent 87 % de l'avifaune de la pinède et 99 % de celle de la hêtraie. Ainsi, qualitativement, les deux successions sont habitées pratiquement par les mêmes espèces.
Les paramètres de composition et de structure des communautés aviennes des deux successions présentent les mêmes variations : un premier maximum dans les stades buissonnants, suivi d'une régression dans les stades intermédiaires et d'une remontée en fin de cycle dans les forêts proches du climax. Leurs valeurs sont souvent très proches : par exemple, la densité moyenne dans toute la succession est de 55,2 couples aux 10 ha en pinède et 55,6 couples aux 10 ha en hêtraie.
Les 7 formations forestières âgées sont habitées par 44 espèces de Passereaux, Pics et Columbidés. 17 de ces espèces sont communes aux 7 milieux et représentent quantitativement 67 % de l'avifaune totale. Les peuplements aviens des vieilles futaies des Vosges du Nord sont ainsi composés à deux tiers d'espèces ubiquistes des forêts âgées et pour un tiers d'espèces spécialistes des forêts de feuillus ou de conifères, voire de boisements mixtes ou de milieux plus clairiérés.
La richesse en oiseaux est la plus élevée dans la hêtraie en rénégération (35 espèces). La densité totale est maximale dans la chênaie-pinède (84 couples aux 10 ha). Ces paramètres sont plus faibles dans les forêts pures de conifères.
Les résultats obtenus dans les Vosges du Nord sont comparés à ceux d'autres dénombrements effectués en Europe. Pour les successions, la comparaison est effectuée avec 9 autres études réalisées tant dans le biome méditerranéen que dans les forêts nordiques ou d'Europe centrale. L'augmentation des différents paramètres de composition (richesse et densité), de structure (diversité) et de biomasse au cours des successions est une constante soulignée dans tous ces travaux.
La comparaison des avifaunes des futaies âgées est effectuée avec celles de 85 autres recensements effectués dans les forêts tempérées d'Europe. L'analyse factorielle des correspondances met en évidence les facteurs qui conditionnent ces avifaunes : le plus important est la composition de la forêt et surtout l'essence forestière dominante. Il oppose les oiseaux des forêts de conifères à ceux des bois de feuillus. D'autres facteurs entrent aussi en ligne de compte, notamment la situation en lisière et l'altitude du milieu recensé.